Mélanie Massé

51e congrès d'ARLIS/NA à Mexico

Rapport d'activité


En tant que récipiendaire de la bourse de voyage Michelle Gauthier, décernée tous les deux ans par le Comité des Bourses de perfectionnement professionnel d’ARLIS/NA MOQ, j’ai pu participer au 51e congrès annuel d’ARLIS à Mexico City, du 18 au 21 mai 2023. Le concours pour ce prix s’adresse aux nouveaux membres d’ARLIS/MOQ n’ayant jamais assisté au congrès annuel.

Tel que le suggère le logo de l’édition 2023, la thématique « Transformación » montre la volonté de l’organisme ARLIS à évoluer. Le choix de la ville de Mexico, classée au patrimoine mondial de l’UNESCO, incarne aussi les concepts de croissance et de révolution, à l’honneur cette année. Le papillon monarque symbolise le désir d’ARLIS/NA de mieux lier l’ensemble de ses membres de toute l’Amérique du Nord, du Canada au Mexique en passant par les États-Unis, comme lors du grand voyage bisannuel du lépidoptère! Comme bibliothécaire détentrice d’un diplôme de 1er cycle en urbanisme, j’étais très excitée à l’idée de vivre dans la fabuleuse Ciudad de México, une ville riche en design urbain, art, histoire et architecture.

Une des premières séances qui a piqué ma curiosité,« AI Transformacion: The Future of Art and Architecture Methodologies and Practices » a été interrompue par une pause insolite, un exercice national de préparation aux tremblements de terre! L’entraînement d’évacuation organisé par le gouvernement mexicain était prévu et inscrit au programme du congrès. Cela reste tout de même assez original de voir la foule du centre-ville se rassembler dehors, avec discipline et calme, sous surveillance policière. Comme tout le monde, je suis descendue docilement au parc Alameda Centrale pour un intermède sous un ciel radieux!

Cela m’a interpellée!

« Developing expertise is a good and fulfilling goal, but it can be punitive, intimidating and limiting especially to early career librarians »


Ma journée s’est poursuivie par un atelier au nom attrayant « The Novice Workshop: It Takes a Village to Raise a Librarian ». Le programme annonçait : « When we first enter the library profession, we quickly become surrounded by the pressures of pretending to know more than we do, a breeding ground for imposter syndrome. Developing expertise is a good and fulfilling goal, but it can be punitive, intimidating and limiting especially to early career librarians ». Cela m’a interpellée!

Entre novices, nous avons discuté de nos expériences récentes, de nos bons coups, de nos angoisses (!), de nos trucs pour nous en sortir la tête haute, malgré notre pratique professionnelle toute neuve. Il a surtout été question des formations devant public où l’on se présente en tant qu’expertes… bien que sur certains sujets, nous ne soyons que débutantes. Bref, une rencontre agréable et formatrice qui s’est soldée par la création d’un groupe d’échange virtuel où chaque participante peut continuer à interagir avec les autres.

La séance qui m’a le plus captivée a été « Transformative Assessment: Keeping Collections Relevant ». La salle débordait et j’étais, comme plusieurs autres collègues, assise par terre pour écouter! Victimes de leur succès, les panélistes ont montré leurs stratégies de gestion de collections, face à la multitude des ressources, formats et modèles d’acquisition.

Entre autres, Andi Back, bibliothécaire à l’Université du Kansas, a présenté la pertinence de son programme d’acquisition de documents imprimés axé sur la demande. En analysant des données collectées durant plusieurs années, elle a démontré comment une collection en arts peut favorablement s’enrichir en appliquant cette technique (Back & Morris, 2021). Avec la tendance lourde des grands éditeurs à offrir des forfaits (ensemble de titres plutôt que sélection d’ouvrages à la pièce) et oeuvrant dans un milieu où la créativité est maîtresse, sa diapositive citant Monroe-Gulick et Morris (2023) a résonné fort : « We can only expect mainstream selection and acquisition methods to get mainstream books. »

Durant sa présentation, Andrew Wang, bibliothécaire en chef du North Carolina Museum of Art, a démontré l’importance d’évaluer les collections dans le but de répondre au mieux aux besoins des utilisateurs. Il a convié l’audience à se demander « Are you overdue for a preservation audit? ». Il a aussi amené l’auditoire à réfléchir à ce qu’il a nommé « la diversification des collections ».

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Au-delà des apprentissages théoriques et de la possibilité de se mettre au fait des tendances, le congrès ARLIS/NA permet l’échange et l’ouverture sur l’autre. Les rencontres avec les collègues d’ailleurs sont formatrices et précieuses. Partager un repas de comida mexicana, visiter le musée Franz Mayer, déambuler dans la magnifique ville de Mexico : tout cela a été un réel bonheur et une occasion de sortir de la routine du travail au quotidien. Cela aide à voir plus large et à réfléchir mieux.

AUTEURE

Mélanie Massé

Récipiendaire du prix de voyage d’ARLISMOQ 2022
Bibliothécaire disciplinaire de la Faculté de l’aménagement de l’Université de Montréal

IMAGES

Photos de la part de Mélanie Massé.

RÉFÉRENCES

[1]  Back, Andi et Sarah Elizabeth Morris. 2021. « Patrons, Vendors, and Delivery: Print Demand Driven Acquisitions at the University of Kansas ». Technical Services Quarterly 38 (2) : 109‑122. https://doi.org/10.1080/07317131.2021.1892342

[2]  Monroe-Gulick, Amalia et Sarah Elizabeth Morris. 2023. « Diversity in Monographs: Selectors, Acquisitions, Publishers, and Vendors ». Collection Management 48 (3) : 210-33. https://doi.org/10.1080/01462679.2022.2163019