Conférence virtuelle ARLIS/NA 2021
https://arlisna.org/2021-conference-home
12 mai 2021, 11h10 am à 12h30 pm
Gisèle Guay
Bibliothécaire retraitée – Bibliothèque des arts, UQAM
Moderatrice: Steenz
– What Can Feminist Punk Rock Teach Us About the Collecting and Evaluation of Ephemera / Eve Griffin
– Soviet Counterculture, Poison Girls, and Glue Sticks: Engaging History and Enhancing Community with a Do-It-Yourself Zine Workshop / Shira Loev Eller
– The Revolution Will Be Archived: Creating a Student-Centered Zine Collection for Instruction / Stefanie Hilles and Alia Levar Wegner
Steenz, une illustratrice américaine de bd et ex-bibliothécaire, anime la conférence avec un enthousiasme contagieux.
Eve Griffin présente le fonds d’archives du mouvement Riot Grrrl déposé en 2009 à la Fales Library de la New York University. Riche en sources de première main, en documents éphémères et en zines, il documente les activités de ce groupe punk féministe, en particulier la période de 1991 à 1996. Le mouvement Riot Grrrl a eu un effet d’entraînement auprès des adolescentes de l’époque en valorisant le DIY. Résultat : des milliers de zines, macarons, affiches, etc. ont été réalisés à travers les États-Unis. La Fales Library a poursuivi l’acquisition de d’autres fonds gravitant autour du mouvement Riot Grrrl, pour un total d’environ 30 fonds d’archives. Cette collection offre un panorama unique sur le féminisme, la culture punk et DIY du début des années 1990. Notons que ces archives aux nombreux documents bricolés ou faits main se démarquent des archives plus conventionnelles où on retrouve davantage de documents rares ou précieux.
L’expérience de Shira Loev Eller s’inscrit dans l’esprit de la bibliothèque comme « troisième lieu ». Il s’agissait d’offrir un espace de rencontre et de création aux étudiants éloignés du campus principal de la George Washington University. La Eckles Library a mis sur pied un atelier de création de zines ouvert à tous. Les matériaux étaient fournis. Quelques zines issues des collections de l’université étaient sur place comme source d’inspiration. Bilan positif : coût peu élevé du projet, collaboration entre bibliothécaires, promotion des collections en dehors des travaux universitaires, occasion pour les étudiants de faire de l’art sans expérience préalable et une pause des réseaux sociaux.
Tout a commencé avec une modeste collection de zines rangées pêle-mêle dans deux boîtes. Stefanie Hilles, de la Miami University, a mis sur pied une archive à l’intention des étudiants, laquelle regroupe ces zines et celles produites par ceux-ci. Tout comme à la Eckles Library, des étudiants de Miami ont été initiés à la création de zines. Cependant, la présentation s’est davantage concentrée sur la constitution du fonds d’archives de zines, et ce en mettant en lumière la collaboration entre la bibliothécaire en arts (Stefanie Hilles) et la responsable des collections numériques (Alia Levar Wegner). ArchivesSpace a été choisi pour héberger la collection. Plusieurs points ont été soulevés : optimiser la numérisation avec un déroulement des opérations le plus simple possible, préserver les droits d’auteur avec Creative Commons, évaluer les LCSH (Library of Congress Subject Headings) et AAT (Art and Architecture Thesaurus) pour un accès optimal, etc. Prochaines étapes : intégrer la collection numérique dans le programme d’étude et améliorer le traitement numérique.
Ce sont surtout les zines et l’expérience de la Miami University qui ont occupé la période de questions. On demande si les métadonnées sont fournies par les étudiants. Initialement, cela devait l’être mais, faute de temps, ce n’est pas le cas. L’atelier a-t-il eu une influence sur l’utilisation de la collection numérique ? Réponse surprenante : on ne les consulte pas en ligne, on préfère les imprimer.
Voit-on un retour vers un activisme s’apparentant à celui du mouvement Riot Grrrl ? Oui, a répondu Eve Griffin, il y a un retour vers un tel engagement social. Pour sa part, Stefanie Hilles a animé un atelier sur la justice sociale (ex. comment écrire une lettre à son député) dans lequel elle a intégré la création de zines. Comme quoi les zines ne s’adressent pas qu’aux étudiants en art.
Steenz a demandé aux quatre conférencières leur zine préféré. Ce que je retiens n’est pas tant leur réponse que l’activité dans le clavardage, où chacune et chacun partageaient son zine favori. Comme quoi il est possible de bavarder en silence.
C’est dommage que la contre-culture soviétique et d’Europe de l’Est ait été peu traitée dans la présentation de Shira Loev Eller. Heureusement, une question a été posée, qui lui a permis de faire un parallèle entre le samizdat et le zine : fait main, diffusion clandestine et révolte envers l’ordre établi.
Le dernier mot revient à l’avenir des zines. Internet ? Instagram ? On comprend que oui, les zines s’y retrouvent et qu’il y a un public dans ces lieux de partage. Mais il y a aussi un risque de perte de contrôle dans un environnement numérique, comme une utilisation non souhaitée à des fins de marketing. Stefanie Hilles rapporte que les étudiants à ses ateliers sont super excités à l’idée de manipuler ciseaux, colle, papier et agrafeuse. L’attachement au monde analogique n’est pas mort, loin de là. Colle et ciseaux sont et resteront des sources de plaisir inégalées.